Ce n’est pas un événement scientifique, mais la publication par le New York Times d’un reportage fouillé sur la fonte des glaciers au Groenland qui met en lumière les enjeux des travaux en cours sur la grande île. La fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidentale et son importance relative vis-à-vis de la dilatation des océans dans la montée des eaux faisait déjà débat dans le 3 e rapport du GIEC – qui en a tenu compte – et du 4 e rapport de 2007, qui l’avait omis. Dans ce dernier, les scientifiques avaient choisi de ne pas mentionner ces apports, faute de consensus. D’où une fourchette de 40 à 80 cm pour la montée des océans en 2100 qui paraît désormais bien optimiste au vu des publications postérieures à 2006. Pour le prochain rapport du GIEC, le consensus reste très hypothétique, malgré de nombreuses publications plutôt inquiétantes. Ce débat porte non seulement sur les volumes à fondre d’ici à quelques décennies, mais aussi sur le caractère irréversible au-delà du siècle, soit une déstabilisation qui pourrait potentiellement élever de 12 m le niveau global des océans. Des calculs comme ceux de Stefan Rahmsdorf (PIK-Potsdam) basés sur les hauteurs des eaux et les températures dans le passé, ou ceux de Tad Pfeffer (Université du Colorado) sur l’écoulement physique des glaciers, convergent sur une hauteur projetée de 76 cm à 2 m. Le professeur Orrin Pilkey, de l’Université Duke (Etats-Unis), auteur d’un ouvrage de référence sur ce thème, insiste sur la complexité du calcul mais conseille aux institutions de se baser sur une montée de 7 pieds (2,135 m) pour planifier leurs infrastructures. Pour l’instant, les autorités françaises en restent à la « plage du GIEC » soit moins d’un mètre en 2100.
Orrin h. PilkeY : opilkey@duke.edu Stefan rahmsdorf : stefan.rahmstorf@pik-potsdam.de Tad PFeFFer : tad.pfeffer@colorado.edu